UNE ECOLE PAS COMME LES AUTRES.......PAGE 7

 Nos Chefs 

Les cadres de l'Armée, bien que cela n'apparaisse que très peu dans les comportements, étaient partagés en plusieurs courants. Les officiers de carrière, quelques rares légitimistes passés au travers des purges, mais surtout les jeunes capitaines et lieutenants, passés par St Cyr ou les Corps de Troupe, acquis aux théories de la guerre psychologique et révolutionnaire selon les enseignements tirés de la guerre d'Indochine. Et il y avait les officiers issus de la Résistance, qui avaient continué leur carrière dans l'Armée. Je garde un souvenir intense du commandant de l'Ecole, le Colonel MAREY* Héros de l'Armée secrète de la Loire, il venait de contribuer puissamment au succès de la Bataille d'Alger à la tête de ses Zouaves. Il s'inscrivait en faux contre les théories du " 5ème Bureau de Contre-Guérilla et d'Action Psychologique " ; Celles-ci partaient du principe d'une coalition communiste internationale visant à anéantir l'Occident Chrétien. " Le chemin de Paris passe par PEKIN et ALGER " aurait dit Mao Tsé Toung. La Preuve, par conséquent, puisque que PEKIN est déjà " rouge " et que c'est en plein déroulement pour ALGER !! Au cours de deux amphis plutôt houleux, où les cadres d'active avaient du mal à se contenir, le Colonel nous affirma qu'il s'agissait d'une guerre nationaliste, et non d'idéologie. Il avait rencontré dans leurs cellules presque tous les dirigeants du FLN, dont BEN BELLA, tous anciens sous-off de l'armée française. qui, à l'issue des combats de la Libération, d'Afrique du Nord, Italie, France, Allemagne, rentraient d'Indochine et s'étaient rebellés face à la situation. Nos commandants de compagnie étaient des hommes sages et pondérés, nos lieutenants chefs de section avaient un dynamisme remarquable, ils venaient tous des unités combattantes. Quant à l'adjudant de compagnie, un Corse débonnaire, il suffisait qu'il dise " attention, petit château, petit château* " pour que tout rentre dans l'ordre !! J'insiste pour dire qu'à part les divergences sur l'hégémonie de Moscou et de Pékin, l'ambiance était assez libérale. Chaque compagnie avait son chant, entonné dans tous les défilés. Le nôtre, c'était " le Chant des Maréchaux " tiré du film que j'ai trouvé superbe, de Sacha GUITRY. " Il faudra bien que la guerre finisse un beau matin Quand finira la guerre, la guerre, J'irai revoir ma mère si l'bon dieu le veut bien ! Quand finira la guerre, lorsque les autrichiens, les russes et les prussiens s'ront couchés sous la terre, avec les parisiens…… "etc. Ce n'était absolument pas " militariste " à tout crin!!! A la soirée officielle de fin de stage, et sous la direction d'un des nôtres, élève de l'Ecole des Hautes Etudes Cinématographiques, nous avons présenté un sketch où, sur la musique de " carrousel valse " avec un jeu de miroirs, nous avions présenté un truc invraisemblable, réalisé avec des cartons collés et peints en noir. La forme rappelait très vaguement celle d'une mitrailleuse de 12.7. C'était " l'arme psychologique ", et il fallait " la braquer dans le sens de l'Histoire " !!!! Pour moi, on nous aurait dit " vous vous battez pour la vigne et pour le blé (on ne parlait pas encore de pétrole), cela aurait été un objectif valable, et pourquoi pas ?  

Les unités voisines 

Souvent, la nuit, le mortier tonnait vers Gouraya. Mais, hormis les grosses opérations, l'Ecole déroulait seule son programme. Une fois, nous avons été bloqués toute une journée pour faire tirer des E.O.R. des Transmissions avec toutes les armes d'infanterie, depuis le canon de 75 sans recul, en passant par le fusil, et toutes les armes automatiques. J'étais à l'atelier du lancer de grenades, des " offensives " heureusement. Les gars du dernier peloton à passer chez nous étaient fatigués, groggys, sonnés par toutes ces déflagrations encaissées pendant toute la journée. Beaucoup avaient la grande barre rouge en travers du front, signe qu'ils avaient mal positionné le caoutchouc mousse du lance-roquettes. Au départ du coup, leur casque avait basculé vers l'avant, d'où la balafre. D'autres avaient le coude gauche percé de trous de cordite : il ne faut rien laisser dépasser du bouclier, parce que la flamme du départ projette des particules enflammées qui trouent le treillis. J'ai un transmetteur en charge : " En position…-Quoi ? me fait-il. " Visiblement ses oreilles en ont pris un coup. Il faut lui expliquer, et il met un genou en terre, derrière le muret du pas de tir. " Dégoupillez… -Hein ? " Il réalise, dégoupille l'OF….et la laisse choir en même temps. L'engin fusant, juste à mes pieds, je le lance le plus loin possible, pile dans un trou où allaient sauter deux gars. Je n'ai jamais vu enclencher aussi vite la marche arrière, et leur regard, plus tard ne contenait vraiment aucune chaleur à mon égard !! Un accident d'armes, ça arrive très vite.

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