UNE ECOLE PAS COMME LES AUTRES.......PAGE 4

 Une formation complète.

Il y avait un instructeur de chaque spécialité, Génie, pour mines et pièges, Artillerie, pour la topo et les appuis, etc Nous aimions bien le " cavalier " qui nous expliquait la liaison infanterie-chars. Nous devons réagir très vite, disait-il, il faut tout de suite donner un ordre, même si c'est une erreur.Vous comprenez, l'ennemi est surpris deux fois :-d'abord par la rapidité de la manœuvre, et ensuite…. par sa bêtise Mais, notre préféré, c'était l'Adjudant-Chef KALFA, instructeur armement. Avec ses maquettes et ses schémas, il nous a tout dévoilé de " l'emprunt des gaz au niveau du canon " du " blocage de la culasse de la MAT 49 au départ du coup " et toutes sortes de finesses, notamment sur les armes américaines, perfectionnées, certes, mais irréparables sous le feu, au contraire des mécanismes français plus rustiques et plus fiables. C'est vrai que le 24/29, bourré de boue ou de sable jusqu'à la gueule continuait de tirer. Dans le Sud, le dessèchement du cuir de l'amortisseur faisait que l'arme avait une cadence de tir proche de celle de la MG 42….mais avec des chargeurs de 20 coups !L'adjudant-chef nous expliquera l'AA52….en projet de dotation, que connaissaient déjà nos camarades " corps de troupe " car ils en avaient pris aux fells sur les frontières. En arrivant une fois dans un poste, j ai trouvé un mortier lourd avec ses munitions. Une merveille, un 120 m/m, expédiant onze kilos d'obus à 6 km !!!J'aurais su m'en servir, mais il n'y avait hélas pas l'effectif disponible. L'ARME, c'était sacré, et les " pains " pleuvaient si on l'oubliait ou l'entretenait mal. Une fois, ce fut un drame : en traversant l'oued el Hachem en crue, au pied des abruptes et rudes " échelles de Jacob ", l'un de nous lâcha son fusil dans les eaux boueuses ! Pendant de longues minutes nous avons pataugé dans l'eau froide, sale, et plongé pour chercher ce fichu flingue, finalement retrouvé. La formation " combat " était aussi très concrète, puisqu'appliquée tous les jours, et nous avons même eu droit à un exercice d'assaut à balles réelles. Le parcours était très bien balisé, mais nous avons mesuré les risques de sortir de sa trajectoire pour tomber sous le feu de ses voisins. Et, bien sûr, répété jusqu'à plus soif, 15, 20 fois, l'exercice de " la boule de feu ", seule issue valable en tombant dans une embuscade : Lorsque le " bouchon " de l'embuscade entre en action, les camions stoppent brutalement, il faut sauter des véhicules, et partir droit devant soi en tirant. Cette réaction réglementaire a été établie à la suite des analyses de cas, et cet assaut est la seule solution qui ait quelque chance de réussir. Si on s'aplatit en statique, l'assaillant pourra " dégommer " les gars méthodiquement. Ce drilling intensif inscrira ce réflexe dans nos réactions, l'entraînement prenant le dessus sur la panique, souvent synonyme de paralysie. 

L'insécurité. 

Elles sont une dizaine de " fatmas " à gesticuler et crier dans la cour DUBOURDIEU pour attirer notre attention. Ce sont les lavandières qui, pour quelques francs, lavent et redonnent des plis à nos treillis rugueux. Elles ont un système astucieux de fils colorés qu'elles passent dans un coin du linge et qui permettent de regrouper les effets de l'un ou de l'autre. La plus impressionnante, c'est " numéro sept ! la vieille ! " cri qu'elle hurle à tue tête. Une forte femme, les cheveux rouges de henné, plus grande et plus âgée que les autres. Va pour " numéro sept la vieille "…J'ai un treillis, un peu de linge, une dizaine de pièces.

Bon, ça va, pour quand tu le veux ?
Eh bien, mercredi ?
Mercredi, tu peux pas, t'es pas là !
Comment ça, mercredi t'es pas là ?
Je te dis, mercredi, t'es pas là !
Ah bon, et ben, jeudi, ça va ?
Ça va !!

Vous me croirez si vous voudrez, nous avons été réveillés le mercredi de bon matin à grands coups de sifflet et force " gueulantes ".Les bahuts faisaient déjà tourner leurs moteurs dans la cour. Nous partions en opération !! Bien vu, " numéro sept la vieille " !!! Un autre jour, c'est la fathma du commandant de compagnie qui a été arrêtée à la porte de Ténès : Elle transportait un pistolet automatique au fond de son bidon de lait.

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