Lettre N° 13
Lettre du 02/05/1932 de Marguerite
Prost 60 ans épouse Arthur
Ponard tante de tante
Jeanne. 28 ans
Morez le 2 mai 1932
Bien chère Jeanne,
A ta dernière lettre chère Jeanne tu m'excuseras si je n'ai
pas répondu plutot, mais à ce moment je commençais à me
préparer pour m'en revenir à Morez car depuis le premier mai je
suis ici. J'ai eu à finir de coudre bien des petites choses aux
enfants car Jeanne
40 ans ? ne peut rien coudre ou peu.
Il me tardait de rentrer au pays ce n'est pas que je suis mal à
Maisons-Alfort, mais je sens ici au cimetière mon pauvre Arthur.
A votre tour chère nièce vous passez à cette dure épreuve
malgré vous comme moi vous étiez prévenu de ce qui devait
arriver par la maladie de ton
cher papa, c'est bien triste. Comment ses derniers moments se
sont-ils passés , soit par toi ma chère Jeanne sur ta prochaine
lettre tu m'en donnera quelques détails , as-tu pu venir à
Royan je le pense car pour une circonstance pareille ton patron n'a
pu le refuser, prends courage ma chère Jeanne que le bon dieu te
donnes toujours la santé tu as bien encore chez
Juliette 39 ans pour te retirer
dans tes vacances mais le plus grand vide pour toi était celui
ta bonne maman que faire, tu es jeune tu as sûrement plus de
courage que moi, quel triste changement pour moi toute seule il
me tarde d'être aux vacances que Jeanne vienne avec les enfants
le temps me dure de temps en temps un petit moment je vais chez
le Georges
34 ans petite Colette
est si mignonne elle marche seule et elle aura un an le 7 Francine
est la même froide et indifférente envers moi, notre famille n'est
pas de ce genre là. Alors toi Jeanne tu as eu dans ton malheur
le plaisir de revoir tes petites nièces et petit neveu je suis
sure que les petites te comblait de caresses. J'ai passé 10
jours chez Yvonne
38 ans pour la pentecôte elle est
toujours gentille avec moi et ils ont beaucoup d'affection et de
bon cur, dire que je reste seule sur toutes les familles j'en
ai le cur bien serré en écrivant quand je pense à toute
notre parenté disparue, mon tour viendra bientôt. La saison ne
semble pas être chaude c'est dommage l'on fait encore du feu
pour se chauffer, et pour Royan pour leur magasin à Juliette il
faudra du beau soleil c'est elle qui doit en avoir du boulot,
quand je vois Jeanne avec ses deux gars comme ils disent là-bas
les maux qu'elle à elle s'énerve se fait du mal, tu ne te
blesseras pas si elle ne t'écrit pas tout de suite. Alors tu as
espoir de venir dans le jura cet automne j'aimerais bien te voir.
Enfin d'ici là on trouvera une combine pour avoir le moins de
frais possible à toutes deux. Et votre papa vous a-t-il bien
coûté pour sa maladie sa pension vous a aidé. Enfin vous avez
fait votre devoir toutes les deux c'est tout.
Je termine ma lettre je te redis encore courage ta tante qui
t'embrasse bien fort et qui pense toujours à toi
Marguerite
Alors ton patron veut remettre sa pharmacie c'est dommage tu
y étais bien, chez André lui est souvent malade et ne peut
guère travailler s'il n'était pas dans une administration il ne
gagnerait guère, Suzanne va aussi à son bureau les enfants sont
faciles ils ne sont pas gâtés. J'ai encore 21 de tension je
suis mal à mon aise j'étourdis et mal à la tête