Lettre N° 12
Lettre du 16/04/1932 de Marguerite
Prost née en 1871 épouse Arthur Ponard à sa nièce ma
Tante Jeanne
Maison Alfort le 16 avril 1932
Bien chère Nièce,
Que dois tu penser de moi car depuis le mois de janvier que j'ai
reçue ta lettre j'aurais du t'écrire plutôt, ici chez Jeanne
nous sommes tellement occupée avec les enfants et pas souvent
tranquille, petit
Jean a marché à 18 mois et encore maintenant il faut
toujours le suivre il nous amuse faut voir il comprend tout,
comme on aime ces tout petit, à l'age de Roger
il devient polisson ne me croient pas du tout il voit que je
ne suis pas sa maman. Que de fois nous disons les deux Jeanne que
Juliette
doit avoir de travail avec sa petite famille en as-tu souvent des
nouvelles chère Jeanne je le pense et comme tu dis sur ta lettre
il te tarde d'aller les voir tous et ton papa que fait-il il me
semble qu'il doit souvent penser à Mantry et avoir des regrets
de ne pas avoir rendue la vie plus douce à ta chère maman nous
autres son souvenir est perpétuel. Voila l'hiver bientôt passé
ici il n'a pas fait bien froid et surtout pas de neige, mais je
pense toujours à Morez à mon cher Arthur
qui repose au cimetière et que j'en suis séparé
malheureusement pour toujours. J'ai décidé de m'en retourner à
la fin du mois, ma vie seule sera bien monotone mais je crois que
pour être mieux portante il me faut de la tranquillité les
enfants fatiguent quand même, Jeanne sera chargé car il faut
sortir Jean à la rue comme il dit. Raymond ne chôme pas
heureusement. Et toi ma chère Jeanne ton travail est toujours le
même et ta santé toujours bonne je l'espère, tes patrons sont
assez gentils avec toi tant mieux, tu dois pouvoir te faire
quelques économies. Tu corresponds donc avec Mme Besson à
Mantry en voila une personne qui souffre depuis des années et
chez Merle sont donc marchands maintenant, ils ont de l'ennui
avec leur Marguerite toujours malade.
De Morez, j'ai quelques amies qui m'écrivent et ça me fait
bien plaisir elle me racontent un peu les nouveaux du quartier,
ce n'est pas par Georges
que je saurais quelque chose quand il écrit il ne parle que de
sa petite il en a un souci formidable elle vient pourtant bien.
De Francis
je n'en ai pas eu de nouvelles depuis le mois de Janvier. Demain
je vais écrire à Yvonne
elle ne m'oublie pas et moi de même sur sa dernière lettre elle
m'invitait en m'en retournant depuis Mouchard que je me dirige à
Lons et passer une huitaine chez eux mais je ne crois pas faire
comme cela, je dois être à Morez pour affaires, et puis il me
tarde de revoir petite Colette avant qu'elle ne soit partie à la
campagne. Sais-tu que ton cousin Julien
Chavin est opticien au Caire il tient un magasin. Voila les
deux frères séparés chacun à son commerce. Et chez Juliette
font-ils des affaires la bonne saison va venir pour eux je
souhaite qu'elle soit.
Je termine chère Jeanne toute la famille se joint à moi
pour t'embrasser bien fort. Ta tante qui pense toujours à toi
Marguerite
Voici mon adresse à Morez si toutefois tu ne me récrirais
pas ici
N° 2 rue traversière Morez